Le 5 avril 1429, Jeanne quitte Chinon de bon matin et arrive à Tours, où elle reçoit son armure et son étendard. Après une halte à Blois, le 24 avril, elle entre dans Orléans le 29 du même mois, et reprend la ville aux Anglais.
« Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle. Le Roi des cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné en la ville de Reims, et vous serez lieutenant du Roi des cieux, qui est roi de France « , avait-elle annoncé à Charles VII.
Mais qui était Jeanne d’Arc, avant d’entrer dans l’histoire de France ? Tout d’abord, une jeune fille simple, généreuse et pieuse. Ses contemporains, habitants de Domrémy, en témoignent: « Elle était si excellente fille que, dans le village, tout le monde l’aimait […] Quand elle entendait sonner la messe et qu’elle était aux champs, elle rentrait au village et se rendait à l’église pour ouïr messe. Je l’affirme, car je l’ai vu », affirme Jean Morel, laboureur, parrain de Jehanne.
Piété et simplicité
Jeanne priait beaucoup, se confessait souvent et se rendait régulièrement à l’église. Les sacrements avaient pour elle une grande importance. Une femme qui l’a connue raconte: « Elle aimait aller souvent à l’église. Elle donnait l’aumône avec l’argent du père d’Arc. Elle était bonne, simple, pieuse, si pieuse que ses compagnes et moi disions qu’elle l’était trop. Elle allait à confesse volontiers. Je l’ai vue à genoux devant M. le curé plusieurs fois. Elle était courageuse au travail et à maintes besognes. Jeannette filait, faisait le ménage, allait à la moisson et à la saison, quand c’était son tour, gardait quelquefois les bêtes, sa quenouille à la main » (Déposition de Mengette, femme Joyart).En plus de la pratique religieuse, le travail aux champs, le filage de la laine, le ménage et le soin apporté aux bêtes rythmaient le quotidien de celle que l’on appelait alors par le diminutif de « Jeannette ». Une jeune fille qui savait faire des choix, consciente qu’un choix implique toujours un renoncement: plutôt que de danser, elle priait, plutôt qu’un sommeil confortable, elle s’en allait dormir au coin du feu par charité, pour donner son lit à plus pauvre qu’elle. « C’était une brave fille, bonne, chaste, pieuse, craignant Dieu, donnant l’aumône, faisant le bien. Elle accueillait les pauvres; elle les faisait coucher dans son lit et elle, elle allait au coin du foyer. Elle ne dansait pas. Nous, ses compagnes, nous la grondions de cela. Elle aimait le travail, filait, cultivait la terre avec son père, faisait le ménage et quelquefois gardait les bêtes. On ne la voyait pas par les chemins; elle était le plus souvent dans l’église à prier », raconte Isabellette, femme Gérardin. La veuve de Thierselin témoigne dans le même sens, en insistant sur le grand respect que Jeanne avait pour Dieu: « Elle ne jurait jamais, et, pour affirmer, elle se contentait de dire: sans manque. Elle n’était pas danseuse, et maintes fois, tandis que les autres chantaient et dansaient, elle allait prier » (Jeannette, veuve de Thierselin, clerc de notaire).
Jeanne donnait autant qu’elle pouvait donner. Dans tout ce que l’on donne, il n’est de don véritable que si c’est soi-même que l’on offre. Nul doute qu’elle le savait parfaitement, elle qui ira jusqu’à donner sa vie pour l’Église et pour la France, alors qu’elle apportait quelques cierges comme un rayon de charité: « Elle apportait des cierges et donnait avec joie pour Dieu ce qu’elle pouvait donner… Elle était toute bonne », rapporte Michel Lebuin, laboureur.
Le socle de la sainteté
Durant ces années où elle a vécu dans l’anonymat, Jeanne se préparait, par une intense vie de foi, à devenir Jeanne la Pucelle, celle qui devait délivrer Orléans et rendre au roi le trône du royaume de France. Dieu était tout pour elle, sa foi était telle qu’elle s’en remettait entièrement à Lui, malgré tous les périls auxquels elle s’exposait. Ainsi, « au moment où elle s’apprêtait à partir, on lui disait: ‘Comment pourrez-vous faire un semblable voyage, il se rencontre gens de guerre en tous lieux?’ Elle répondait: ‘Je ne crains pas les gens de guerre, car j’ai mon chemin tout aplani; et, s’il se rencontre des gens d’armes, j’ai Dieu, mon Seigneur, qui saura bien me frayer la route pour aller jusqu’à messire le dauphin. Je suis née pour ce faire’. Ces paroles, rapportées par Bertrand de Poulengy, écuyer du roi et guide de Jeanne, nous disent à quel point elle était imprégnée de la foi en Dieu. Une foi qu’elle vivait à travers les sacrements, la prière, l’écoute et l’obéissance des voix qu’elle entendait. Avant Sainte Catherine d’Alexandrie et de Sainte Marguerite d’Antioche, ce fut d’abord Saint Michel Archange qui s’adressa à la jeune fille. Avant de lui faire connaître sa mission, il l’enjoignit d’abord à la piété: « Sois sage et bonne enfant, va souvent à l’église ». Ce n’est qu’alors qu’il ajouta: « Il faut que tu quittes ton village et ailles en France« . Saint Michel Archange a ainsi rappelé à Jeanne d’Arc, et à travers elle, à nous tous, que toute entreprise, quelle qu’elle soit, requiert d’abord une véritable confiance en Dieu, une foi solide, l’innocence de l’enfance et une piété qui se fait alors le socle de la sainteté.MMH [Madeleine-Marie Humpers]
Publié le 4 avril 2018 sur CathoBel: https://www.cathobel.be/2018/04/04/sainte-jeanne-darc-la-piete-dune-jeune-fille/
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