En 1525, Mathieu de Bassi (ou de Baschi) entreprend la réforme de l’ordre franciscain et fonde l’Ordre des frères mineurs capucins. Dans le souci de retrouver l’esprit et la forme originelle de l’ordre fondé par Saint François, il réintroduit entre autre le capuchon pointu.
Historique
Une nuit, Mathieu de Bassi aurait eu en rêve une vision de Saint François d’Assise. L’ayant vu vêtu d’une bure retenue par un cordon et un capuchon de forme pyramidale, il demande au pape l’autorisation de porter cet habit. Cette autorisation lui sera accordée et en 1528, Clément VII approuve officiellement la nouvelle congrégation religieuse.Le capuchon des frères capucins fera l’«objet de pieuses méditations », mais aussi de « procès véhéments et de railleries », notamment de la part des protestants, des antimonarchistes des philosophes des Lumières. « On n’oubliera pas cependant la part de mystère de ce couvre-chef qui, volontiers ridiculisé, n’en est pas moins générateur d’angoisses confuses ». Peut-être l’inquiétude et la peur que suscite ce capuchon tient-elle à la richesse symbolique dont il est porteur. L’angoisse est probablement liée ici aux thématiques existentielles auxquelles renvoie ce capuchon…
Symbolique
Nicole Pellegrin, auteure de Voiles. Une histoire du Moyen Âge à Vatican II, rappelle les « fondements symboliques et les effets, individuels et collectifs, de vêtements pensés comme des instruments d’humiliation et de régénération permanentes. » Si le mot « humiliation » a pris un sens péjoratif dans son usage actuel, doit ici être considéré au sens étymologique, comme un chemin d’humilité. Pour les Frères mineurs capucins en particulier, « la signification « toute mystérieuse » » du capuchon est porteuse d’un enseignement constant.Au XVIIIe siècle, l’abbé Musson expose la spiritualité des capucins, imprégnée simultanément par l’abaissement, allié de l’humilité, et l’élévation. L’abbé Musson évoque ainsi « une humilité sans borne qui […] abaisse [le frère capucin] jusqu’au néant » et « une charité sans mesure qui l’élève jusqu’à Dieu. » Et particulièrement à propos du capuchon, ou « capuçon », il explique:
« S’il jette les yeux sur la pointe pyramidale de son Capuçon, il apprendra par cette pointe éminente qu’il ne doit tenir à la terre que la pure pointe de l’esprit, avoir toujours son intention pointée vers le ciel, et que semblable à la pyramide qui tire son nom du feu [la racine grecque pyr- désigne en effet le feu], un Capucin doit toujours brûler du feu de l’amour divin. »
Pour Nicole Pellegrin, le capuchon taillé en forme de pointe se fait donc symbole du combat spirituel que les frères capucins mènent quotidiennement, par la prière et à chaque instant de leur vie. Elle note que le capuchon des Chartreux, des Trappistes et des Minimes peut être envisagé de la même manière. « Signe d’humilité et moyen de recueillement, au moins lorsqu’il est abaissé, le capuchon […] est un signe distinctif et l’enseigne (au sens premier du mot) d’une spiritualité de combat. »
Actualité
Depuis Vatican II, sous l’impulsion du Cardinal Léger, porter l’habit n’est plus obligatoire pour les Capucins : bien que mentionné dans les Constitutions, « le port de la barbe, la tonsure et le port du chapelet à la ceinture ne sont plus de rigueur ». Si les Capucins n’arborent donc plus nécessairement le célèbre capuchon, le port de l’habit reste toutefois une pratique vivante, mais il est lié « au choix personnel du frère et de l’environnement dans lequel il œuvre. »Historiquement, l’habit était en fait « un moyen de se rapprocher des gens les plus simples », il permettait ainsi aux frères « d’œuvrer au sein de la population la plus démunie ». Le Frère Jacques Bleau explique qu’aujourd’hui : « Le port de l’habit n’est plus forcément un moyen de se rapprocher des gens les plus ordinaires. C’est pourquoi les frères préfèrent ne pas le porter dans certaines situations et s’habiller comme les gens ordinaires de notre temps. » Il n’empêche que « l’habit reste symboliquement fort. »
Enfin si à l’heure actuelle la bure des Frères capucins est brune (pensons par exemple à Saint Padre Pio), cela n’a pas toujours été le cas: « Autrefois, les frères tissaient leur propre vêtement à partir de la laine de mouton. Naturellement gris, il est devenu brun au XIXe siècle, après la Révolution française. »
L’histoire du capuchon des Frères capucins s’enracine donc sur plusieurs siècles. Et, même s’il n’est plus obligatoire, peut-être a-t-il encore de belles années devant lui…
MMH
Article paru le 5 mars 2018 sur CathoBel: https://www.cathobel.be/2018/03/05/symbolique-de-lhabit-capucin-capuchon/
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