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vendredi 15 mars 2019

Jésus-Eucharistie: respect et fragilité de l’hostie

L’hostie est petite, fragile, presque transparente. Et pourtant, selon le témoignage de sainte Catherine de Sienne, c’est « toute l’Essence divine que vous recevez en ce très doux Sacrement, sous cette blancheur du pain ». Présence invisible et pourtant réelle.

Pour sainte Angèle de Foligno, dans l’Eucharistie, Jésus reste « tout entier avec nous, tout entier et pour toujours ». Il réalise ainsi sa promesse: « Voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).
La foi en la présence réelle existe dès les premiers siècles de l’histoire du christianisme. Mais, loin d’être évidente, elle a toujours posé question. La réaction de saint Ignace d’Antioche en est l’illustration –en évoquant certains baptisés qui nient la présence réelle, il écrit –: « Ils ne participent pas à la prière eucharistique, parce qu’ils ne reconnaissent pas que l’eucharistie est la chair de Notre Sauveur Jésus Christ ».

Doutes

Les doutes quant à la présence réelle existent depuis toujours. Aujourd’hui, ils transparaissent dans une messe telle que la décrit Christian Bobin dans son roman Geai: « C’est l’instant de la communion. Le prêtre tend l’hostie transparente à ses paroissiens. Il retient mal un bâillement. Geai est là, appuyée contre un pilier, près du maître-autel. Elle regarde les vivants manger un Dieu auquel ils ne croient guère ».
À la lecture de cet extrait, la présence réelle n’a pas beaucoup de prégnance auprès des fidèles et même le prêtre semble faire peu de cas de l’eucharistie. Quelles attitudes peuvent alors soutenir la foi en la présence réelle ?

Prière

Face aux mystères qui sont « trop forts pour nous », le cardinal Newman encourage à la prière. Celle-ci constitue une première réponse face à la difficulté d’adhérer à la présence réelle. Il s’agit alors d’une prière investie par l’amour et l’humilité: « Lorsque nous pensons que ces mystères [notamment la présence réelle] sont trop forts pour nous, et que nous en venons à douter, demandons-Lui sincèrement l’humilité et l’amour. Ceux qui sont humbles et qui aiment auront le sens de ce qui est caché ». Si nous souhaitons vraiment trouver Dieu « sous le voile des choses sensibles », adressons-Lui cette requête. La prière est d’une aide précieuse à tous les niveaux d’une vie de foi.

Formation religieuse

Or il est important de bien comprendre aussi ce que signifie la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. La formation religieuse est une nécessité pour la foi: nul n’en sait jamais assez.
Rappelons qu’au Moyen Âge, saint Thomas a posé une définition précise de la présence réelle à partir de la pensée d’Aristote. Pour cela, il a eu recourt au terme de transsubstantiation. Le mot « substance » désigne ce qu’une chose est de manière permanente, dans son essence, indépendamment, par exemple, de sa forme ou de sa couleur. La substance n’est pas accessible par les sens: « Aucun œil corporel ne peut voir le Christ tel qu’il est dans ce sacrement », affirme saint Thomas (Somme théologique, IIIa Q. 76, a. 7). Au moment de la consécration, ce n’est donc pas l’aspect extérieur (les « accidents ») du pain et du vin, qui change, mais leur substance. Aussi il ne faudrait pas avoir une idée trop matérialiste de la présence réelle. Cela implique notamment que la substance divine n’est pas divisée, quand bien même on émietterait l’hostie. À ce sujet, le témoignage rapporté par sainte Catherine de Sienne est parlant: « Diviserait-on l’hostie en mille et mille miettes s’il était possible, en chacune je suis encore, Dieu tout entier, homme tout entier, comme je t’ai dit … » (Jésus à Sainte Catherine de Sienne, dans Le Dialogue).

Conciles

Rappelons aussi que la présence réelle est pleinement affirmée par l’Église, hier comme aujourd’hui. Déjà le concile de Trente stipulait que, dès la consécration, Jésus est  vraiment, réellement et substantiellement présent sous l’apparence du vin et de l’hostie consacrés. Le Christ est là « contenu sous l’apparence de ces réalités sensibles ». Dans la continuité du Concile de Trente, Vatican II note que « le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là […] au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques » (SC 7).

Fragilité et respect

Enfin en s’incarnant, le Fils s’est rendu vulnérable jusqu’à la crucifixion. Lors de la messe, il se fait Jésus-Eucharistie: quoi de plus fragile, quoi de plus vulnérable qu’une petite hostie ? Le respect dû aux Saintes Espèces n’en est que plus grand. La fragilité de l’hostie ne signifie pas qu’il faille la traiter avec légèreté, au contraire. C’est précisément parce que Dieu est présent dans la fragilité de l’hostie qu’il faut la respecter infiniment. C’est là le droit du plus faible, selon la foi de l’Église.
En guise de conclusion, pour le saint curé d’Ars, la consécration et avec elle, la présence réelle, représente un miracle d’amour infini. Ses propos s’élèvent alors comme une louange: « Après la consécration, le bon Dieu est là comme dans le ciel !… Si l’homme connaissait bien ce mystère, il mourrait d’amour ».

MMH [Madeleine-Marie Humpers]

Image: Domaine public

Publié le 14 mars 2018 sur CathoBel: https://www.cathobel.be/2018/03/14/jesus-eucharistie-respect-et-fragilite-de-lhostie/

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