Rechercher dans ce blog

vendredi 15 mars 2019

Les souvenirs de Gilberte Degeimbre, la dernière voyante de Beauraing

Christian Van Den Steen, neveu de Gilberte et
fils d’Andrée Degeimbre



Les mémoires de Gilberte Degeimbre viennent de paraître à titre posthume. C’est grâce à son neveu, Christian Van Den Steen, que Le dernier coup de sonnette a été publié. Un récit empreint d’une grande sensibilité, qui semble traversé par la grâce des apparitions.

C’est un récit d’un genre assez rare que Gilberte Degeimbre nous a légué dans ses mémoires. Celles-ci viennent de paraître sous le titre Le dernier coup de sonnette. En effet, comme le précise l’abbé Christophe Rouard, vice-recteur des Sanctuaires de Beauraing, « rares sont les témoins d’apparitions mariales reconnues par l’Eglise qui ont écrit un long récit de leur expérience ».
Or il se distingue par plusieurs particularités: tout d’abord, son aspect très autobiographique. « Il l’est autant si pas davantage que celui d’Alphonse Ratisbonne [d’origine juive, il s’était converti au catholicisme en 1842, après avoir vu la Vierge, à Rome]« , précise l’abbé Christophe Rouard. Ensuite, le vocabulaire religieux, dans Le dernier coup de sonnette, se fait plus discret. Les références à la vie spirituelle sont moins nombreuses que dans d’autres récits. C’est que Gilberte Degeimbre attache une grande importance au contexte dans lequel ont eu lieu les apparitions. Dans ce recueil de souvenirs, le lecteur est d’abord immergé dans le quotidien de la petite fille, une enfant heureuse, du moins jusqu’à la mort de son père. Gilberte lui était particulièrement attachée et il décède peu avant les premières apparitions.
Les apparitions de la Vierge suscitent d’abord la peur chez la fillette, malgré l’émerveillement qui prendra ensuite toute la place: « Elle était si belle », dira-t-elle souvent, par la suite, à propos de Marie. Mais autant la beauté de la Vierge l’éblouit, autant l’incrédulité de ses proches est douloureuse à porter. Pour la mère de Gilberte, elle et sa sœur, Andrée, ne sont que des menteuses. Fernande, Albert et Gilberte Voisin, les autres petits voyants de Beauraing, se heurteront à moins d’hostilité. Mais pour la petite Gilberte Degeimbre, c’est la détresse, le chagrin de se voir gronder injustement par sa mère. Ainsi, dans Le dernier coup de sonnette, Gilberte Degeimbre laisse entrevoir un récit très humain, où les sentiments ont toute leur importance.

Histoire du manuscrit

Gilberte Degeimbre n’avait pas entrepris l’écriture de récit dans le but de le publier. En 1978, elle commence à rédiger ses mémoires pour son neveu, Christian Van Den Steen, qui est le fils de sa sœur Andrée. « Ces notes manuscrites étaient loin de constituer un texte abouti », explique l’abbé Rouard, évoquant les nombreuses « ratures, hésitations fréquentes et renvois nombreux » qui jalonnent le texte. Mais André Philippe, époux de Gilberte Degeimbre, encourage plus tard son épouse à reprendre le texte et à le retravailler pour le publier. Les notes de Gilberte sont alors « mises en ordre, structurées, augmentées de nouveaux paragraphes et reformulées dans un style plus policé ». L’influence d’André Philippe se ressent quelquefois quant à la forme: l’emploi du plus-que-parfait et des tournures très littéraires lui est chère, tandis que le style de Gilberte est plus naturel. Quant au contenu, Gilberte a pris soin de relire le texte à plusieurs reprises. « Il est ce qu’elle voulait vraiment dire », affirme l’abbé Rouard. Gilberte Degeimbre décède en 2015. C’est grâce à son neveu, Christian, que le texte sera finalement publié.
Mais Le dernier coup de sonnette ne s’arrête pas aux récits des apparitions. Gilberte a toujours gardé une grande dévotion pour Jésus et pour la Vierge. La grâce d’avoir vu Marie l’a accompagnée à chaque instant, lorsqu’elle était jociste (la JOC était la Jeunesse ouvrière catholique) durant son adolescence, puis lorsqu’elle intègre la Résistance, pendant la guerre, et plus tard, dans sa vie d’épouse et de mère. Cette grâce traverse encore son neveu lorsqu’il affirme, avec une certitude bouleversante: « Je ne crois pas que la Vierge soit apparue, je le sais. »

MMH [Madeleine-Marie Humpers]

Image: CC-BY-NC-ND Madeleine-Marie H.

Publié le 30 avril 2018 sur CathoBel: https://www.cathobel.be/2018/04/30/les-souvenirs-de-gilberte-degeimbre-la-derniere-voyante-de-beauraing/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Stérilité. Faire le deuil de la maternité

Espérer fonder une famille, et se découvrir stérile. Souhaiter devenir mère, et apprendre que cela n’aura pas lieu. La stérilité (...